THCJD : 6 questions pour tout savoir sur ce cannabinoïde mystérieux

1. Qu’est-ce que le THCJD ?

Le tétrahydrocannabioctyl, souvent abrégé en THCJD ou THC-JD, est un cannabinoïde que l’on extrait directement de la plante de chanvre, comme le CBD et le THC.

Il est toutefois beaucoup moins abondant que ces deux cannabinoïdes. C’est pourquoi les professionnels de la filière du chanvre légal qui proposent des produits contenant du THCJD optent généralement pour une version de synthèse, créée en laboratoire à partir de précurseurs comme le CBG, le CBD ou le THC.

Comme son nom le laisse entendre, le THCJD présente une structure moléculaire très proche du THC qui est, rappelons-le, la molécule responsable de l’effet psychotrope et addictif du cannabis.

La seule différence réside au niveau de la chaîne latérale, de forme « alkyle » pour le THC, et « octyle » pour le THCJD. Pour les amateurs de chimie, la chaîne octyle est le résultat d’une chaîne alkyle à laquelle sont venus se greffer trois groupe méthylène (CH2).

2. Le THCJD est-il psychotrope ?

Le THCJD, c’est finalement du THC légèrement modifié, que ce soit à l’état naturel (dans la plante de chanvre) ou dans une éprouvette au laboratoire.

Sa proximité avec le THC en termes de structure moléculaire ne laisse pas de place au doute : le THCJD est bien un cannabinoïde psychotrope.

En clair, comme le THC, il agit sur l’état du système nerveux central pour modifier les fonctions cérébrales, ce qui se traduit par des changements temporaires de perception, d’humeur, de conscience et de comportement.

Il s’agit donc d’un psychotrope hallucinogène, par opposition aux psychotropes stimulants (comme les amphétamines ou la caféine) et dépresseurs (comme l’alcool et les benzodiazépines).

3. Le THCJD est-il addictif ?

Le THCJD est aussi un cannabinoïde addictif, contrairement au CBD et aux molécules similaires comme le CBG, le CBN et le CBC. Cette dépendance s’explique par les quatre facteurs.

Le THCJD et le système de récompense du cerveau

Comme le THC, le THCJD se lie aux récepteurs cannabinoïdes présents dans le cerveau, en particulier le récepteur « CB 1 », ce qui influence le système limbique, impliqué dans les réponses émotionnelles et la formation des souvenirs.

En stimulant ce système, le THCJD stimule la production de dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la satisfaction. Nous sommes donc dans un système de récompense qui va favoriser la consommation pour reproduire les sensations agréables.

Le THCJD et le phénomène de tolérance

Avec une consommation régulière et prolongée de cannabis, le cerveau peut commencer à s'adapter à la présence de THCJD.

Cette adaptation va se manifester par une diminution progressive de la sensibilité des récepteurs endocannabinoïdes. Le consommateur devra donc s’administrer des quantités de plus en plus importantes pour obtenir les mêmes effets. C’est ce que l’on appelle « la tolérance ».

Le THCJD et la dépendance

À mesure que la tolérance se développe, les utilisateurs peuvent également développer une dépendance physique au THC.

Concrètement, leur corps va s'habituer à fonctionner en présence de la substance, et son absence va déclencher les symptômes habituels de sevrage comme l'irritabilité, l'insomnie, les troubles de l'appétit et l'anxiété.

Le THCJD et les comportements compulsifs

En plus de la dépendance physique, une dépendance psychologique peut également se développer avec le THCJD.

Elle se manifeste par une envie intense et pressante de consommer du cannabis malgré la connaissance des effets secondaires sur la santé et l’impact sur la vie sociale et professionnelle.

4. Quelles différences entre le THC et le THCJD ?

Comme mentionné plus haut, la structure moléculaire du THCJD présente une chaîne latérale octyle, qui contient trois groupes méthylène de plus que celle du THC. Cette différence de structure se traduit par trois différences majeures.

Le THCJD a plus d’affinités avec les récepteurs CB1 du système endocannabinoïde

Le THCJD interagit plus fortement avec les récepteurs CB1, situés principalement au niveau du cerveau.

Cette interaction élevée pourrait amplifier les effets psychoactifs de ce cannabinoïde, notamment la sensation de bien-être, la relaxation et la gestion de la douleur. Cette affinité plus élevée peut également prolonger la durée des effets, avec une expérience à la fois plus intense et plus durable.

En revanche, cette propriété va également augmenter le risque de tolérance et la vitesse à laquelle l’organisme devient dépendant. Il faudra donc progressivement des doses plus élevées pour atteindre les mêmes effets, et les symptômes de sevrage seront plus prononcés à l'arrêt de la consommation.

L'importance de cette affinité pour les récepteurs CB1 reflète à la fois le potentiel thérapeutique du THCJD, mais aussi les risques associés à son usage.

Le THCJD est métabolisé plus lentement

Le rythme de métabolisation des cannabinoïdes a une influence sur le degré d'absorption ainsi que la vitesse de distribution et d'élimination dans le corps.

Le fait que le THCJD soit métabolisé plus lentement fait que les effets apparaissent de manière très progressive après la consommation. Leur durée sera aussi plus longue.

La lenteur du métabolisme du THCJD peut être bénéfique pour les utilisateurs qui recherchent un soulagement prolongé de symptômes comme la douleur ou l'anxiété, sans les pics d'intensité souvent associés au THC.

Toutefois, elle nécessite également une attention particulière quant au dosage et à la fréquence d'utilisation pour éviter une accumulation excessive dans le corps qui pourrait entraîner des effets indésirables à long terme.

Le THCJD est plus lipophile que le THC

Le THCJD se dissout plus facilement dans les graisses et les huiles en comparaison avec les milieux aqueux. Cette propriété affecte la manière dont il est absorbé, distribué, métabolisé et excrété par le corps.

Lorsqu'il est consommé, le THCJD traverse plus facilement les membranes cellulaires, qui sont principalement composées de couches lipidiques. Cette caractéristique peut potentiellement augmenter sa biodisponibilité dans le système nerveux central, où il peut exercer des effets psychoactifs plus prononcés en interagissant avec les récepteurs cannabinoïdes.

D’un autre côté, étant donné que les composés lipophiles ont tendance à s'accumuler dans les tissus adipeux, le THCJD pourrait avoir une demi-vie plus longue dans l'organisme comparé au THC.

5. Quels sont les bénéfices recherchés par les consommateurs de THCJD ?

Comme tous les cannabinoïdes, le THCJD a plusieurs effets bénéfiques comme :

• Un effet apaisant et relaxant, voire sédatif, car la substance est plus puissante que le CBD ;
• Des propriétés anti-inflammatoires ;
• Des vertus analgésiques, qui soulagent la douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique ;
• Une action antioxydante.

Forcément, ces vertus sont contrecarrées par l’effet psychotrope et addictif du THCJD.

6. Le THCJD est-il légal en France ?

Étonnamment, oui. Le THCJD est légal en France dans la mesure où il ne figure pas sur la liste des substances interdites par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ou par le ministère de la Santé.

Mais cette légalité relative doit être nuancée par deux points :

• En cas de test, les utilisateurs qui ont consommé du THCJD auront forcément du THC dans le sang et ça, c’est illégal ;
• Le THCJD sera très probablement interdit en France dans un futur proche. Il connaîtra sans doute le même destin que le HHC et ses dérivés, interdits dans l’Hexagone en juin 2023.